Chronique d’écologie intégrale – 16 Avril 2025 – Mémoire facultative de S. Benoît Joseph-Labre

Chronique d’écologie intégrale – 16 Avril 2025 – Mémoire facultative de S. Benoît Joseph-Labre

Chronique d’écologie intégrale du mercredi 16 Avril, Mémoire facultative de S. Benoît Joseph-Labre

 Nous trouvons un saint original dans le calendrier liturgique au 16 avril. S. Benoît-Joseph Labre est né le 26 mars 1748 à Amettes en Artois, et mourut à Rome le 16 avril 1783. On ne peut pas dire que la stabilité fut une de ses qualités. Aîné d’une fratrie de quinze enfants, né dans une famille de paysans, mais dont la maman tenait une mercerie, il voulut rejoindre la vie monastique. Il s’y est pris à six fois, six essais dans des communautés différentes avant de… devenir pèlerin permanent. Il préférait la solitude du chemin que la stabilité d’une vie sédentaire et communautaire. A Rome il découvre enfin sa vocation : être « vagabond, mendiant pèlerin, totalement dégagé des biens de ce monde. » On a calculé qu’il avait parcouru quelques vingt-cinq à trente mille kms à pied toujours sur des sentiers peu battus, en France, en Italie, en Allemagne, en Pologne, en Suisse et en Espagne. Ce n’est qu’en 1775 qu’il décida de s’arrêter et de se fixer à Rome dans les ruines du colisée, lieu des premiers martyres chrétiens. Là-bas, il passait son temps en prière dans les églises et, sans mendier, il acceptait simplement ce qu’on lui donnait. Evoluant dans un siècle d’apparences élégantes sa vie de pauvreté volontaire paraissait étrange et parfaitement à contre-courant, une vie aux sources de la pauvreté Evangélique. Ce qui comptait pour lui, c’était d’être dans un état de prière permanent et perpétuel. C’est le rythme du calendrier liturgique qui l’a mis sur les routes des différents sanctuaires vers lesquels il est allé en pèlerinage. Pas vraiment un modèle d’hygiène, resté célèbre pour ses poux, il profita d’être libéré de toute dépendance matérielle pour se consacrer à la prière et la méditation. Dans sa besace qui a fait s réputation, seulement un livre contenant les sermons du Père Lejeune, un bréviaire, et l’Imitation de Jésus Christ. Les différents confesseurs qu’il a rencontrés dans les lieux saints qu’il a fréquentés ont souvent voulu lui faire quitter la vie d’oisiveté dans laquelle il semblait s’être installé. Mais au fil des entretiens, ils furent amenés à comprendre la singularité de sa vocation de solitaire toujours en mouvement. Il est mort en grande odeur de sainteté populaire et fut canonisé un siècle plus tard en 1881 par Léon XIII. Il est le saint patron des pèlerins. Il représente tous ceux qui prient avec leurs pieds et dans notre siècle où les pratiquants sont plus nombreux sur les chemins de pèlerinage que dans les églises, on peut dire qu’il a une actualité très importante. Il me semble aussi qu’il peut trouver un certain intérêt dans les mouvements de scoutisme, en particulier pour la branche des routiers, justement pour accompagner ceux qui se mettent au compagnonnage des pèlerins d’Emmaüs. J’aime ces paroles du chant du départ routier, « l’Appel de la route » : « Elle est là devant ta maison, comme une amie, Et pendant la verte saison, toute fleurie, Elle fuit jusqu’à l’horizon, D’une fuite infinie. R/ Ohé, garçon, garçon, Toi qui cherches, toi qui doutes, Prête l’oreille à ma chanson : Entends l’appel de la route ! » La route est une école de sobriété assez radicale. Partir seul ou en compagnie nécessite de ne s’équiper que du nécessaire, pour vivre une vie bonne recentré sur l’essentiel d’une vie humaine pendant le temps d’un voyage. On peut ainsi le dire : S. Benoît-Joseph Labre est un modèle d’opposition au paradigme technocratique car il a choisi de surtout ne pas être productif ! Il s’est fait insulté par tous pour cela. Il refusait de travailler et même de mendier, ce qui lui a valu d’être parfois fort affaibli. Son modèle peut donc nous faire réfléchir sur le sens du travail dans notre société consumériste. Le prendre comme exemple c’est donc s’opposer à une société basée sur le productivisme et le consumérisme que critique le pape François dans Laudato si’. Il nous montre un chemin de libération pour un véritable développement intégral car il a refusé de se soumettre aux contraintes matérielles et cela le rend disponible à la vie intérieure. Même si on peut dire qu’il a négligé la relation à soi dans le soin du corps, sa disponibilité l’a ouvert à autrui quand il donnait ce qu’il avait en aumône à encore plus pauvre que lui. On ne parle pas de sa relation à la création. Mais on peut penser que le fait de prendre les chemins peu fréquentés a permis de dilater son cœur vers le Créateur dans la rencontre des grands espaces en allant d’un sanctuaire à l’autre. L’écologie intégrale place la clameur des pauvres au premier rang. C’est la rencontre du pauvre qui est normative pour réguler la relation aux autres. C’est au cœur de cette rencontre qu’une parole de Dieu nous est transmise. Telle est le sens de la vocation de S. Benoît Joseph Labre. Ceux qui l’ont connu, une fois dépassées les apparences repoussantes, se sont ensuite laissé interpeler par son témoignage de sainteté et l’ont accueilli comme un témoin fidèle du Dieu d’Amour. Puissions-nous aussi rencontrer le Chris dans le pauvre et entendre la voix du Verbe de Dieu nous parler dans la parole des plus vulnérables.

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