Chronique d’écologie intégrale – 15 Juin 2024 – Mémoire facultative de Saint Romuald, prêtre

Chronique d’écologie intégrale – 15 Juin 2024 – Mémoire facultative de Saint Romuald, prêtre

Chronique d’écologie intégrale du samedi 15 Juin 2024, Mémoire facultative de Saint Romuald, prêtre

Saint Romuald est fêté le 19 juin. Il est né en 952 dans la famille Onesti, des ducs de Ravenne et il meurt en 1027. C’est à cause d’un duel concernant son père dont il fut le témoin que fuyant alors la société, il devient à vingt ans, bénédictin au monastère de Saint-Apollinaire-de-Classe, proche de sa ville natale, pour faire pénitence au nom de son père. Il ne supportait pas d’avoir organisé le meurtre de l’adversaire de son papa. Mais la vie communautaire lui pèse et il rêve de vie érémitique. Au bout de sept années de vie cénobitique son père abbé l’autorise à poursuivre la vie de Solitude. Après quelques voyages en Vénétie et en France, il se fixe dans la montagne de Toscane à Camaldoli à l’âge de soixante ans. Son zèle pour le Seigneur lui attira de nombreux disciples. Dans les Appenins il installe un ermitage, et dans la plaine, le monastère Camaldoli Maggiore en 1010. La vie de camaldule, même si elle lui est antérieure, s’apparente à celle plus connue des Chartreux fondés en 1084, entre vie solitaire et vie communautaire. La priorité demeure la vie érémitique. Cet ordre affilié aux bénédictins connaîtra alors des scissions internes avec des orientations plus cénobitique et d’autres plus érémitique. Il leur faudra attendre 1113 pour être reconnus comme une branche autonome des bénédictins, surtout présente en Italie. C’est dans cet famille religieuse que se situera quelques années plus tard Saint Pierre Damien, docteur de l’église, fêté le 21 février. C’est ce dernier qui écrivit la biographie de son maître en 1042. Saint Romuald a la réputation de Thaumaturge et il est spécialement invoqué pour guérir des troubles psychiques. Il fut canonisé en 1595 par le pape Clément VIII. Après sa mort, son corps resta intact et sans corruption, il attira de nombreux pèlerins qui bénéficièrent de ses miracles. On peut voir dans l’initiative de S. Romuald une réaction commune aux dérives et excès de la vie monastique de son époque. Le xie siècles est la période de la fondation des nouveaux ordres monastiques, comme les cisterciens puis les chartreux. La vie érémitique semblait une alternative à des mœurs cénobitiques relâchées devenant contraire à l’Evangile. Il s’agissait de revenir à l’esprit du monachisme primitif des pères du désert. C’est donc dans cet esprit qu’il fonde les camaldules. Habit blanc et grosse barbe deviennent les signes distinctifs des membres de sa communauté. Dans un élan de radicalité évangélique et de pauvreté, il rejetait les honneurs qu’on voulait lui faire au point de simuler la folie, ce qui lui sauva la vie en une certaine occasion. Son initiative de réforme peut nous donner à penser en termes d’écologie intégrale. Romuald nous montre que l’ajustement dans les relations fondamentales n’est pas facile à trouver même pour des moines. La priorité reste la relation à Dieu, celle-ci-doit-elle valorisée par la radicalité de la solitude et donc par le fait même, une insistance sur la relation à soi ? Ou au contraire dans la vie communautaire, et donc la médiation de la relation aux autres ? Pas simple. En ce qui concerne la relation à la création, voici ce que l’on peut en dire. Comme beaucoup de saints du Moyen âge et de l’Antiquité, s’il est vraiment saint, il doit vivre une vie de réconciliation avec les créatures, en signe que chez lui, les effets du péché originel sont dissipés. Une fois n’est pas coutume, je me permets de citer la fiche Wikipédia de saint Romuald : « On retient aussi son immense bonté à l’égard des pauvres, des méprisés de la vie, des animaux de toutes espèces qui venaient librement à lui. Dans bon nombre de manuscrits camaldules, on peut encore lire que l’ermite Romuald considérait que les animaux méritaient tout autant d’être soignés que les hommes et c’est ainsi qu’il pansait autant les plaies de ses semblables que celles des animaux qu’il recueillait dans sa cellule[1]. » Dans ces initiatives, il anticipe sur l’esprit de fraternité cosmique qui se manifestera chez saint François d’Assise. De plus, le sens de la nécessité du soin aux animaux comme aux plus pauvres anticipe aussi sur l’encyclique Laudato si’ du pape François dans laquelle nous sommes invités à être attentifs tant à la clameur de la terre qu’à la clameur des pauvres (LS 49). C’est-à-dire de reconnaître dans les créatures non-humaines et dans la création tout entière, un pauvre auquel le chrétien doit apporter assistance. L’animal est reconnu pour ce qu’il est, une créature dotée d’une valeur propre et intrinsèque que l’ermite sait apprécier en tant qu’il est détaché de tout rapport d’instrumentalisation dans sa relation aux créatures. La sainteté ajuste le chrétien au projet de Dieu et à la vocation humaine de prendre soin de la création. Alors désirons tous la sainteté.

[1] « Romuald de Varenne », https://fr.wikipedia.org/wiki/Romuald_de_Ravenne.

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