Chronique d’écologie intégrale -14 Septembre 2024 – Mémoire facultative de Sainte Hildegarde de Bingen, vierge et docteur de l’Église

Chronique d’écologie intégrale -14 Septembre 2024 – Mémoire facultative de Sainte Hildegarde de Bingen, vierge et docteur de l’Église

Chronique d’écologie intégrale du samedi 14/09/2024, Mémoire facultative de Sainte Hildegarde de Bingen, vierge et docteur de l’Église

Le 17 septembre nous célébrons la mémoire de Sainte Hildegarde de Bingen abbesse bénédictine du xiie siècle et docteur de l’Église. Son œuvre visionnaire tant théologique que médicale inspire aujourd’hui bon nombre de ceux qui s’engagent pour la sauvegarde de la maison commune, mais curieusement, les références à ses écrits sont complément absentes de Laudato si’… S. Hildegarde est née le 16 septembre 1098 dans le Hesse rhénane et est décédée le 17 septembre 1179 au Rupertsberg (près de Bingen). Dixième enfant d’une famille d’aristocrates, elle est confiée pour son instruction à l’âge de huit ans au monastère des bénédictines du Disibodenberg, dans le diocèse de Mayence, sous la tutelle de Jutta von Sponheim. Elle prononce ses vœux perpétuels et reçoit le voile monastique, vers l’âge de quinze ans. S. Hildegarde est élue abbesse, à l’âge de 38 ans. Son procès de canonisation commencé en 1227 ne fut jamais terminé pour des motifs inconnus… Son cas est régularisé en mai 2012, car officiellement canonisée et elle est même proclamée docteur de l’église dans la foulée par Benoît xvi en octobre de la même année. Voici la raison donnée par le Saint-Père pour une telle proclamation : « Son message apparaît extraordinairement actuel dans le monde d’aujourd’hui, qui est particulièrement attiré par tout ce qu’elle a proposé et vécu. Nous pensons spécialement […] à sa sensibilité pour la nature, dont les lois sont à protéger et ne sauraient être violées. Dès lors, la reconnaissance du titre de docteur de l’Église à Hildegarde de Bingen a une grande signification pour le monde d’aujourd’hui. Sa capacité de parler à ceux qui se tiennent loin de la foi et de l’Église fait de Hildegarde un témoin crédible de la nouvelle évangélisation[1] ». S. Hildegarde fut en effet attentive aux vertus curatives et médicinales des aliments et de différentes plantes environnantes. Elle a été redécouverte à la fin du xxe siècle pour sa médecine et pour sa diététique écologiques, avec notamment l’usage de l’épeautre. L’intégration de la santé et de la dimension thérapeutiques des créatures est une part importante de l’écologie intégrale, mais il serait dommage de limiter son message à cet aspect. Hildegarde est une prophétesse, qu’est-ce à dire ? « Est prophète celui qui parle au nom de Dieu, celui qui interprète les Écritures pour éclairer les hommes et leur montrer les ressorts essentiels de l’histoire du monde. Plus qu’une véritable annonce historique des temps futurs, la prophétie est une tentative de compréhension de l’éternelle réalité spirituelle telle qu’elle se manifeste à travers l’histoire[2]. » Dans la Bible le prophète est celui qui rappelle la parole de Dieu quand le peuple l’oublie et devient infidèle à l’alliance. Le travail prophétique de S. Hildegarde se réalisa par la rédaction de trois livres principaux dits ouvrages visionnaires. Ceux sont le Scivias ou Connais les voies, le Livre de vie des mérites, et le Livre des œuvres divines. Ce dernier a un grand intérêt pour notre approfondissement de l’écologie intégrale. Écrit sur une période de 10 ans entre 1163 et 1173, il se présente comme une cosmologie et une anthropologie chrétienne en particulier les quatre premières visions, où l’incarnation du Verbe selon l’inspiration du prologue de Jean, est la clé de compréhension de la place et du rôle de l’humanité dans l’Univers. Pour comprendre cela, voici une de ses antiennes les plus connues dans laquelle elle exprime son anthropologie : « Ô qu’elle est merveilleuse la prescience du cœur divin qui ordonna toute la création. Car, lorsque Dieu examina la face de l’homme qu’il avait formé, il vit l’ensemble de ses œuvres dans cette même forme. Ô qu’il est merveilleux le souffle qui a ainsi créé l’homme[3]. » En regardant l’homme le sixième jour, Dieu peut regarder toute la création et dire qu’elle est très bonne. L’être humain est dans la création le point de rencontre des énergies créatrices. Ces énergies ont un nom : la « viriditas » ou « viridité ». Hildegarde voit l’action de Dieu dans le verdoiement de la terre. L’acteur de la viriditas est l’Esprit de Dieu. En écho à Laudato si’ (89) cet Esprit dont nous confessons qu’« il est seigneur et qu’il donne la vie », est la « vie de la vie de toute créature » et elle se traduit par dans la vie biologique inscrite dans son réseau de relations vitales, que nous qualifierons d’écologique. En ce temps de la création, prions peut-être pour qu’un pape proclame sainte Hildegarde sainte patronne secondaire des écologistes, aux côtés de S. François d’Assise et demandons son intercession pour vivre en gardiens de la maison commune.

[1] . Benoît XVII, « Litterae apostolicae, quibus sancta Hildegardis Bingensis, monialis professa Ordinis Sancti Benedicti, Doctor Ecclesiae universalis renuntiatur ». 7 octobre 2012, http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/la/apost_letters/documents/hf_ben-xvi_apl_20121007_ildegarda-bingen.html, publiée en italien « Lettera apostolica per la proclamazione a dottore della Chiesa della monaca benedettina vissuta nel xii secolo Ildegarda di Bingen donna e spaiente nella Chiesa » L’Osservatore Romano, 8-9/10/2012, p. 5, n. 7.
[2] . André Vauchez, (dir.), Histoire des saints et de la sainteté chrétienne, TVI, Au temps du renouveau évangélique 1054-1274, Paris, Hachette, 1986, p. 175.
[3] . Hildegarde de Bingen, Antienne « O quam mirabilis »in La symphonie des harmonies célestes, Grenoble, Ed. Jérôme Million, 2003, p. 54s.

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