Chronique d’écologie intégrale du samedi 13/07/2024, Mémoire obligatoire de Saint Bonaventure, évêque et docteur de l’Eglise
Saint Bonaventure est un personnage très important pour nos chroniques d’écologie intégrale car c’est l’homme qui a tenté et réalisé l’exploit de mettre en concepts théologiques les intuitions fulgurantes de son maître et fondateur de l’ordre de frères mineurs, saint François d’Assise. Celui-là même qui nous est donné par le pape François comme modèle de l’écologie intégrale. Saint Bonaventure est fêté le 15 juillet, il est né en 1221 Jean Fidanza, à Bagnorea près de Viterbe. Il est mort au concile de Lyon en 1274, le 14 juillet. Il prend le nom de Bonaventure à son entrée dans l’ordre des frères mineurs en 1243, ayant connu personnellement saint François dans son enfance. Il devient ministre général de l’ordre en 1257. Contemporain et collègue de saint Thomas d’Aquin à l’université de Paris, il est canonisé en 1482 et proclamé docteur de l’Eglise en 1586 par le pape Grégoire XIV pour la profondeur de son œuvre dans la ligne de saint Augustin. Mais c’est en 1273 qu’il est nommé cardinal par le pape Grégoire X. Au service de sa communauté, il la défend dans les controverses des ordres mendiants face au clergé séculier. Il est un des principaux agents de l’institutionnalisation des frères mineurs au sein de l’Eglise catholique. Son œuvre théologique se caractérise par l’union entre la théologie scolastique et la théologie mystique, dans l’interprétation fidèle de son modèle et maître, saint François. Parmi ses œuvres, celles qui nous intéressent plus particulièrement sont son Itinéraire d’une âme vers Dieu, son Hexaméron, dans lequel il commente le premier chapitre de la Genèse et son Breviloquuium qui s’apparente à la Somme de Théologie de saint Thomas d’Aquin. Dans Laudato si’, saint Bonaventure est cité quatre fois par le pape, notamment comme un des biographes de saint François, je cite : « Son disciple saint Bonaventure rapportait que, “considérant que toutes les choses ont une origine commune, il se sentait rempli d’une tendresse encore plus grande et il appelait les créatures, aussi petites soient-elles, du nom de frère ou de sœur[1]” » (LS 11) Il s’est donc fait l’écho de la fraternité cosmique entre les créatures. Mais on doit au docteur Séraphique le concept de « contuition » qui est la capacité de saisir Dieu et sa présence par la médiation des créatures. Une créature est une occasion de rencontre avec le Créateur, que ce soit le vent, la pluie, un animal, un végétal, ou encore une pierre et une étoile. A la fin de l’encyclique quand le pape François, cite une troisième fois notre saint dans le livre des Sentences, il dit à cet effet, je cite : « comme l’enseignait saint Bonaventure : “La contemplation est d’autant plus éminente que l’homme sent en lui-même l’effet de la grâce divine et qu’il sait trouver Dieu dans les créatures extérieures[2]” ». (LS 233) Quand le pape parle des traces de la Trinité dans la création, il fait référence à un des principaux enseignements du Docteur séraphique en ce qui concerne la théologie de la création : la créature porte en elle un vestige de la Trinité, dans la belle tradition du Livre de la nature. Je cite le pape : « Saint Bonaventure en est arrivé à affirmer que, avant le péché, l’être humain pouvait découvrir comment chaque créature “atteste que Dieu est trine”. Le reflet de la Trinité pouvait se reconnaître dans la nature […]. Le saint franciscain nous enseigne que toute créature porte en soi une structure proprement trinitaire[3], si réelle qu’elle pourrait être spontanément contemplée si le regard de l’être humain n’était pas limité, obscur et fragile. Il nous indique ainsi le défi d’essayer de lire la réalité avec une clé trinitaire. » (LS 239) Ce que fait donc le saint Père dans le chapitre 2 de Laudato si’, intitulé « la bonne nouvelle de la création ». L’enseignement théologique de Bonaventure a par conséquent des retombées directes pour une spiritualité écologique de la création. Je le cite dans son Itinéraire de l’âme vers Dieu : « Celui que tant de splendeurs créées n’illuminent pas est un aveugle. Celui que tant de cris ne réveillent pas est un sourd. Celui que toutes ces œuvres ne poussent pas à louer Dieu est un muet. Celui que tant de signes ne forcent pas à reconnaitre le Premier principe est un sot[4]. » Cette reconnaissance a des implications éthiques importantes pour le pape François car il s’agit par-là de reconnaitre la valeur propre des créatures et ainsi de mieux les respecter dans les relations que nous entretenons avec elles, au risque d’entretenir la crise écologique, ce que d’une certaine manière saint Bonaventure avait anticipé, je cite une dernière fois : « Ouvre les yeux, prête l’oreille de ton âme, délie tes lèvres, applique ton cœur : toutes les créatures te feront voir entendre, louer, aimer, servir, glorifier et adorer ton Dieu. Sans quoi prends garde que l’univers ne se dresse contre toi[5]. »
[1] Saint Bonaventure, Legenda Maior, VIII, 6.
[2] Saint Bonaventure, II Sentences, 23, 2, 3.
[3] C’est l’auteur qui souligne.
[4] Saint Bonaventure, Itinéraire de l’esprit vers Dieu, Henry Duléry (trad.) Paris, Vrin, 1969, p. 43.
[5] Id.
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