Chronique d’écologie intégrale du samedi 13 Avril 2024, Mémoire obligatoire (au Canada) de sainte Kateri Tekakwitha, vierge
Sainte Kateri Tekakwitha, « la plus belle fleur épanouie au bord du Saint-Laurent », telle est l’inscription en iroquois qu’on peut lire sur la tombe de cette jeune Indienne, morte à 24 ans. Elle est fêtée au Canada le 17 avril. Kateri est la première bienheureuse et sainte indienne du continent nord-américain. Elle est née d’une mère algonquine chrétienne et d’un père Iroquois en 1656 à Auriesville dans l’état de New York aux USA. Elle perd ses parents à l’âge de 4 ans des suites de la variole dont elle gardera les traces à vie sur son corps. Elle en perdit partiellement la vue. On la voyait souvent recouverte d’un voile sur son visage pour s’en cacher et se protéger de la lumière du Soleil. Mais elle a retenu les prières que sa maman lui a apprises. Elle refusa de se marier et pour la punir ses parents adoptifs la chargèrent de tâches et de corvées pénibles à réaliser. Suite à l’arrivé d’un jésuite, le P. de Lamberville, elle se convertit au Catholicisme à dix-neuf ans. Elle devient catéchumène en 1675 et reçoit le Baptême le jour de Pâques 1676 à l’âge de vingt ans. Jusqu’alors, on l’appelait Tekakwitha. Au baptême elle reçoit le nom de Catherine, en iroquois : « Kateri ». Au cours de l’automne 1677, pour éviter la persécution par sa tribu qui lui demande de renier sa foi, elle s’évadepour aller vivre à la Mission Saint-François-Xavier, sur le Saint-Laurent à Sault-Saint-Louis. Là elle mène une vie de prière et de travail exemplaire. Elle y mourut en 1680. Quelques mois après son arrivée, le jour de Noël 1677, on permet à Kateri de faire sa première Communion. C’est une étape qui la fait progresser à grand pas et lui donne accès à des expériences de vie mystique. Là, elle rejoint un groupe d’iroquoises chrétiennes ayant choisi de mener une vie de chasteté et de mortification, elle veut fonder un monastère à l’Ile aux Hérons. Ce projet n’a pas de suite, mais elle fait vœu de chasteté, le 25 mars 1679, jour de l’Annonciation. Elle meurt pourtant le 17/04/1680 après une longue maladie. Le père Cholonec, son confesseur, rapporte que quelques minutes après sa mort, les marques de la variole disparurent de son visage et celui-ci devint blanc et rayonnant de beauté. Le 22/06/1980, le Pape Jean-Paul II élève Kateri au rang des Bienheureux, puis la nomme seconde patronne de l’Église des Missions en 1983. Elle est canonisée le 21/10/2012 par le pape Benoît XVI. Elle occupe une place particulière dans la dévotion des amérindiens catholiques du Canada et des Etats-Unis. On trouve sur plusieurs sites qui relate sa vie l’idée non sourcée ni vérifiée qu’elle serait patronne de l’environnement… L’évêque d’Ogdenburg dans l’état de New York dit en effet d’elle : « Kateri est une enfant de la nature. Sa sainteté élèvera les esprits et les cœurs de ceux qui aiment la nature et travaillent en écologie[1] ». On trouve même sur le site du « Saint Kateri Conservation Center » l’idée que sainte Kateri est la sainte patronne de l’écologie traditionnelle, des peuples Premiers et du soin de la création. Kateri a plusieurs aspects de sa vie qui ont mené à cette identification. Du fait de son identité d’amérindienne elle vécut toute sa vie au contact de la nature. Avant son baptême, se souvenant des pratiques de sa mère catholique elle se retirait dans la forêt pour prier le Dieu qu’elle ne connaissait pas encore. Plus tard à la mission de Sault Saint Louis près de Montréal, il lui arrivait de partir pour la saison de chasse en hiver, ce qui l’éloignait de la chapelle qu’elle fréquentait avec assiduité. Aussi elle trouvait toujours un endroit de forêt pour y aménager son oratoire. Enfin, un de ses passes temps favoris était de confectionner des croix de bois qu’elle accrochait aux arbres dans la forêt alentour, elle s’en servait comme des stations de prières. Aujourd’hui, le recours aux sagesses aborigènes autochtones est souvent utilisé en spiritualité dans une optique de lutte contre la crise écologique. Les Indiens d’Amérique du Nord professent un animisme qui personnifie la terre comme une mère, une nature matricielle et nourricière. La terre possède un esprit qui lui est immanent et donc présent partout, présent à tout. C’est peut-être pour lutter contre une dérive panthéiste de cette belle spiritualité et sagesse traditionnelle que S. Jean-Paul II offrit Kateri, comme un modèle d’indianité catholique, qui a su garder une intimité avec son environnement naturel, spécialement pour y prier. Aujourd’hui, l’image de sœur-mère la terre est reprise par le pape François dans Laudato si’ (1-2) avec la perspective et le cadre de la spiritualité franciscaine et du cantique des créatures faisant ainsi acte d’inculturation pour ces sagesses autochtones et montrant qu’elles ne sont pas en opposition avec la foi catholique. Terminons avec cette prière adressée à sainte Kateri : « Demande à Dieu de nous donner le courage, l’audace et la force pour construire un monde de justice et de paix entre nous comme entre les nations. Comme toi, nous voulons aller à la rencontre du Seigneur présent jusqu’au plus profond de la nature, et devenir les témoins de la Vie[2]. » Amen.
[1] https://www.kateri.org/our-patron-saint/.
[1] Disponible sur : https://hozana.org/saints/sainte-kateri-tekakwitha, consulté le 08/04/2024.
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