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Chronique d’écologie intégrale – 12 Janvier 2025, Dimanche du Baptême du Seigneur – Année C
En ce dernier dimanche du temps de Noël qui inaugure en fait la première semaine du temps ordinaire, le temps de l’annonce du royaume par Jésus, nous avons un lien très fort entre le don de l’Esprit Saint, le sacrement du baptême et l’action créatrice de Dieu dans l’univers. Cet épisode du Baptême du Seigneur est un chapitre de ce que le pape François appelle la « bonne nouvelle de la création », dans la perspective de l’écologie intégrale. La première lecture qui reprend le thème messianique proclamée pendant le temps de l’Avent nous indique qu’avec le baptême de Jésus commence le régime annoncé du royaume de Dieu qui s’accomplit dans le ministère public de Jésus. Pour ce faire Jésus reçoit l’Esprit Saint sous l’apparence d’une colombe. Jésus enseigne alors la parole de Dieu et cette parole est créatrice… du Royaume de Dieu. L’articulation des lectures de ce jour nous aide à comprendre que le don de l’Esprit Saint est un don créateur.
C’est surtout l’usage heureux du Ps 103 qui peut nous aider à faire tous ces liens. Voyons un peu les trois éléments du psaume qui peuvent nous aider à comprendre cela. Tout d’abord nous pouvons lire cette belle exclamation : « Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! Tout cela, ta sagesse l’a fait » (v. 24). Dans l’Ancien Testament la sagesse de Dieu est personnifiée comme quelqu’un qui préside à l’œuvre de la création, comme au chapitre 8 du livre des Proverbes. Ici le fruit de la sagesse est l’ensemble des créatures dans leur diversité et même leur profusion nous dit le texte français. Plus loin, il est question du souffle de Dieu qui est présenté comme la Vie des créatures : « Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. » (v. 30) Le souffle de Dieu est créateur, il vivifie et dynamise les êtres vivants, il apporte même un renouveau dans la création dans cet acte de transmission de vie. Or en Hébreux « sagesse » et « souffle » sont deux mots féminins qui ont été associés par les premiers pères de l’église comme deux figures féminines bibliques pour parler de la troisième personne de la Trinité, de l’Esprit de Dieu. Ce n’est pas pour rien en effet que saint Irénée de Lyon enseignait que Dieu avait besoin de ses deux mains pour créer : le Verbe et la Sagesse, le Fils et l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est une des mains créatrices de Dieu et le Ps 103 continue : « tu ouvres la main : ils sont comblés. » (v. 28) Ce verset indique donc au chrétien que l’Esprit Saint est le vecteur de la providence divine pour les créatures : « Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu. Tu donnes : eux, ils ramassent » (v. 27). L’action de l’Esprit Saint dans la création c’est donc de créer en particulier la vie et la faire grandir.
Il en va de même dans le sacrement du baptême qui crée et fait grandir la vie de Dieu dans la vie humaine, et en premier lieu dans la vie de Jésus. Le Baptême c’est le don de l’Esprit Saint, c’est donc une création. Par l’épiphanie de Jésus baptisé, ce dernier commence son ministère public. Jésus communique une parole créatrice dans le cœur des hommes qui fait d’eux des créations nouvelles quand ils se font baptiser. En prêchant, Jésus énonce une parole de Dieu qui continue d’être créatrice, d’un nouveau régime d’alliance entre Dieu et l’humanité. Cette parole est créatrice du Royaume de Dieu dont une des composantes sera l’Eglise. De ce fait le sacrement du Baptême est très important car dans la continuité, la réception de la parole de Dieu et de son Esprit accomplit en nous un acte de création. La deuxième lecture précise par la plume de saint Paul à Tite : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint » (3, 5) De même que la création est renouvelée par le souffle de Dieu dans le psaume, de même sommes-nous renouvelés et donc recréés par l’Esprit Saint dans le Baptême. Le rituel de ce sacrement le précise également en s’adressant au nouveau baptisé : « tu es désormais une créature nouvelle », à la suite du Christ, transformé par sa parole créatrice. Mais il faut bien préciser ici que c’est une création qui passe par la communication de la vie divine. C’est-à-dire de la grâce de la résurrection. Être baptisé, c’est entrer dans la vie de ressuscité, c’est entrer dans le régime de la création nouvelle, le même régime auquel toute la création aspire dans son travail actuel d’enfantement et les douleurs qui lui sont associées. D’ailleurs au cours du baptême les éléments de la création sont associés voire convoqués : l’eau, le feu, la lumière, l’étoffe du vêtement blanc, l’huile végétale et la colombe. Ces éléments sont nécessaires à la bonne opération de la grâce divine dans nos cœurs. N’oublions pas que l’Esprit Saint agit en eux, mais aussi pour eux car la vocation de la face de la terre est d’être renouvelée par Lui.
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