Chronique d’écologie intégrale du samedi 03 Mai 2025, Fête de S. Philippe & S. Jacques, Apôtres
Pourquoi fêter S. Philippe et S. Jacques le même jour le 3 mai ? C’est parce que lors de la dédicace de la Basilique romaine des Douze Apôtres, leurs reliques ont été déposées conjointement sous l’autel. S. Philippe, né à Bethsaïde comme S. Pierre et S. André, fut disciple de S. Jean-Baptiste avant de suivre Jésus. Il entendit ce dernier lui dire : « Suis-moi ». Il fut ensuite le recruteur de Nathanaël (ou S. Barthélémy). A la dernière cène, c’est lui qui demande à Jésus : « Seigneur montre nous le Père ». Son nom le prédispose-t-il à se faire l’intercesseur des Grecs qui veulent voir le Christ ? Quant à S. Jacques, il s’agit du fils d’Alphée, dit le Mineur, qui n’est pas le frère de S. Jean, S. Jacques le Majeur, les fils de Zébédée. La Tradition le présente comme le frère de Jésus, c’est-à-dire un probable cousin, qui fut également identifié comme le premier évêque de Jérusalem, martyrisé entre 62 et 66, possiblement lapidé. D’autres sources disent qu’il fut jeté du haut de la terrasse du temple et achevé à coups de masse. Il est réputé être l’auteur de l’épître éponyme incluse dans le Nouveau Testament. Il appelle en particulier les juifs de la diaspora à entrer dans l’espérance et l’établissement de « l’Israël de Dieu ». Beaucoup d’éléments historiques de la vie de ces deux apôtres sont forcément incertains et débattus. Mais la liturgie de ce jour met l’accent, dans les textes de la messe, sur leur rôle de témoins directs de Jésus et de la mission de transmission qui en découle : annoncer l’Evangile du Christ. S. Jacques est témoin de la résurrection de manière privilégiée car S. Paul pense important de dire qu’il a été le sujet d’une apparition du Christ ressuscité. En ce qui concerne S. Philippe, il est celui à qui Jésus dit « Qui me voit, voit le Père », il est ainsi témoin de la divinité du Fils de Dieu. Ceux sont donc des véritables et crédibles piliers de la foi de l’Eglise sur laquelle la nôtre peut reposer. Comment à partir de leur témoignage faire prendre chair à cet enseignement du pape François dans Laudato si’ au paragraphe 217 : « laisser jaillir toutes les conséquences de notre rencontre avec Jésus Christ en ce qui concerne notre relation à la création » ? Si ces apôtres sont d’authentiques témoins du Christ qu’ils ont eux-mêmes physiquement rencontré, cela doit se voir dans leur enseignement. L’épitre de S. Jacques cherche à articuler le rapport entre la foi et les œuvres. C’est la foi qui sauve et qui fait agir en vue du salut. Pour nous aujourd’hui, si la foi en Jésus Christ comporte comme critère de validité le soin de la maison commune, alors ça doit se voir. Et si ce n’est pas le cas, « nous décevons grandement les attentes divines » selon l’expression de François dans Laudato si’. Les biographies et les témoignages scripturaires ne permettent pas forcément d’aller plus loin… à moins que cela soit la liturgie qui nous indique une piste ? Le psaume qui est utilisé ici est étonnant car il peut être interprété dans deux sens différents. Il rejoint tout d’abord la thématique traditionnelle de la course du Verbe dans toute la création sous l’angle de la propagation de la Parole de Dieu selon la mission donnée par Jésus à ses apôtres. Mais la course du Verbe c’est également la présence immanente de la Parole créatrice de Dieu dans la création elle-même. Un message sans paroles prononcées. Je le cite en entier car il n’est pas long : « Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance. Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. » (Ps 18, 2-3, 4-5ab). La parole de Dieu est lisible dans la création, c’est pourquoi la Tradition identifie ce fait avec le livre de la Nature. C’est un livre dans lequel Dieu se donne à connaitre et à lire aux lecteurs humains que nous sommes. Mais à cause du péché cette lecture en est rendue difficile. Le livre des Ecriture permet de rectifier ce problème et de donner les clés de lectures qui vont bien pour retrouver le sens du livre de la nature. Donc pas de contradiction entre les deux livres. La parole répandue par les apôtres est en échos à celle de la création. Le pape Benoît XVI, repris par François dans Laudato si’ (6), l’enseignait ainsi, je cite : « “le livre de la nature est unique et indivisible” et inclut, entre autres, l’environnement, la vie, la sexualité, la famille et les relations sociales. Par conséquent, “la dégradation de l’environnement est étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine[1]”. » Puis François continue à l’école du pauvre d’Assise : « D’autre part, saint François, fidèle à l’Écriture, nous propose de reconnaître la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté » (LS 12). Or la parole du Verbe créateur et sauveur est aussi exprimée dans la clameur de la terre et la clameur des pauvres. Que les successeurs des apôtres nous aident à l’entendre aujourd’hui.
[1] . Benoît XVI, Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 51.
Un Commentaire