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Chronique d’écologie intégrale du vendredi 03 Janvier 2025, Mémoire facultative du Saint Nom de Jésus
Le trois janvier, l’église universelle célèbre la mémoire du saint Nom de Jésus. Le calendrier Romain a initialement placé la mémoire du Très Saint Nom de Jésus le deuxième dimanche après l’Épiphanie et, par la suite, le dimanche entre le 2 et le 5 janvier. Retirée du calendrier en 1969, la célébration fut réintégrée par la volonté de S. Jean-Paul II en 2002. Entre le xive et le xve siècle, la dévotion au Très Saint Nom de Jésus connait sa consécration, grâce à saint Bernardin de Sienne, théologien franciscain, qui créa le trigramme « JHS » avec les lettres sur fond bleu et entouré d’un soleil à 12 rayons. Saint Matthieu précise dans son évangile la signification du nom de Jésus : « Le-Seigneur-sauve » (Mt 1, 21). Cette précision est importante dans le contexte, car dans l’Orient antique, le nom définit ce qu’il y a de plus profond dans un être, l’identité, la vocation et la mission de la personne. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique précise : « Son Nom est le seul qui contient la présence qu’il signifie. Jésus est ressuscité, et quiconque invoque son Nom accueille le Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré pour lui[1] ». C’est pourquoi dans les Évangiles comme dans les Actes ou dans les épîtres de Paul, on insiste fortement sur le fait que c’est au nom de Jésus que les disciples guérissent les malades, expulsent les démons et accomplissent toutes sortes de miracles, je cite : « Au nom de Jésus Christ, le Nazôréen, marche ! » (Ac 3, 6) ordonne saint Pierre à l’infime de la Belle Porte. Plus loin dans le livre des actes des Apôtres, encore S. Pierre déclare, je cite : qu’« il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés. » (Ac 4, 12) Saint Paul, quant à lui, insiste sur la dimension contemplative et eschatologique du nom de Jésus : « C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse : Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 9-11). Le starets du pèlerin russe lui enseigne la prière du nom de Jésus avec ces mots : « La prière de Jésus, intérieure et constante est l’invocation continuelle et ininterrompu du nom de Jésus par les lèvres, le cœur et l’intelligence, dans le sentiment de sa présence, en tout lieu, en tout temps, même pendant le sommeil. Elle s’exprime par ces mots : « Seigneur Jésus, ayez pitié de moi ! » Celui qui s’habitue à cette invocation ressent une grande consolation et le besoin de dire toujours cette prière ; au bout de quelques temps, il ne peut plus demeurer sans elle et c’est d’elle-même qu’elle coule de lui[2]. » Un des fruits de cette prière du cœur qui est donc une rumination du saint nom de Jésus, est le suivant, toujours dans l’expérience du pèlerin russe, je cite : « tout ce qui m’entourait m’apparaissait sous un aspect ravissant : les arbres, les herbes, les oiseaux, la terre, l’air, la lumière, tous semblaient me dire qu’ils existent pour l’homme ; tout priait, tout chantait gloire à Dieu ! Je comprenais ainsi ce que la Philocalie appelle « la connaissance du langage de la création », et je voyais comment il est possible de converser avec les créatures de Dieu[3]. » Or, pendant la liturgie du temps de l’Avent, il nous arrive de chanter cette hymne : « Toi qui viens pour tout sauver, l’univers périt sans toi ». Si Jésus signifie « Dieu sauve », de quoi la création a-t-elle besoin d’être sauvée au fait ? On entend souvent dire que les créatures n’ont pas besoin de l’être parce qu’elles n’ont pas péché et on en profite pour dire que seuls les êtres humains sont sauvés par la croix du Christ. C’est une belle hérésie ma foi. Dans la Bible, comme dans la vie, on est sauvé d’un mal ou d’un péril qui nous menace mortellement. Et croyez-moi, il y a plein de mauvaises choses qui menacent la création et ses créatures, listons-les, rapidement : les effets du péché originel, pour commencer, puis le péché humain tout court, marqué par l’avidité de la consommation des ressources, la réduction de la valeur des créatures à des objets de consommation, des structures de péchés qui font que nous sommes tous complices de la destruction de la planète, ce qui passe par l’érosion de la biodiversité, et donc la diminution de la manifestation de la gloire de Dieu dans la création. Plus largement, la création est sauvée de la mort, c’est-à-dire du retour au néant en vue d’une restauration et d’une glorification universelles dans la création nouvelle. Dieu ne veut pas l’anéantissement de ce qu’il a créé, c’est par amour qu’il le maintient dans l’existence qu’il le sauve. Alors si l’invocation du nom de Jésus accomplit ce qu’il signifie, on peut répéter inlassablement avec le pèlerin russe, pour le salut de la création : « Seigneur Jésus, ayez pitié de sœur mère la terre. »
[1] CEC 2666.
[2] Récit d’un pèlerin à son père spirituel, Jean Gauvain (trad.), deuxième éd., Boudry, Suisse, éditions de la Baconnière, 1948, Coll. « Les Cahiers du Rhône », p. 26.
[3] Ibid., p. 48.
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