Chronique d’écologie intégrale – 02 Novembre 2024 – Commémoration de tous les fidèles défunts

Chronique d’écologie intégrale – 02 Novembre 2024 – Commémoration de tous les fidèles défunts

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Chronique d’écologie intégrale du Samedi 02 Novembre 2024, Commémoration de tous les fidèles défunts

Le jour qui suit la Toussaint, le 2 novembre, nous commémorons tous les fidèles défunts, c’est-à-dire tous ceux dont nous n’avons pas l’assurance qu’ils soient dans la gloire du Père, comme le sont les saints que nous avons fêtés la veille. Où sont-il alors ? Et bien au purgatoire. Il s’agit donc de prier pour que les âmes des fidèles défunts en sortent rapidement et rejoignent le peuple des bienheureux. Instituée par Odilon de Cluny en 998 pour tous ses monastères, c’est le pape Léon IX qui ratifie cette pratique, mais ce n’est qu’au XIIIe siècle qu’elle est étendue à l’Eglise universelle et apparaît dans le calendrier liturgique, parce qu’en fait c’est au XIIIe siècle que la doctrine du purgatoire a été définie et fixée. Et alors, me direz-vous comment interpréter cette tradition en termes d’écologie intégrale ? Ce n’est pas très compliqué si l’on se place dans la perspective des quatre relations fondamentales. Un jour que je participais à un séminaire international de théologie de l’écologie, nous évoquions les enjeux de la relation aux autres et surtout sa portée. La doctrine sociale de l’Eglise affirme que cela concerne la relation aux humains du présent et des générations futures. Un collègue africain a pris la parole en disant, « oui mais c’est incomplet car dans notre culture la relation aux ancêtres, c’est-à-dire aux générations précédentes est une réalité très importante de la vie quotidienne ! » Alors comment inclure la relation aux générations précédentes dans nos pratiques d’écologie intégrale ? La liturgie du jour des morts peut justement nous y aider. Elle nous enseigne que nous avons toujours une mission à accomplir envers eux qui est de prier afin qu’ils parviennent jusqu’en la béatitude et sorte de ce lieu de purification qui est un lieu d’épreuve. La communion des saints se vit ici d’une manière toute particulière : ce sont les vivants qui prient pour les morts dans un effort de solidarité spirituelle. La clameur des pauvres, dans ce cas est celle de ceux qui sont dans l’épreuve de cette attente. En ce qui concerne la relation à soi, cette commémoration nous apprend une bonne nouvelle. Même si nous ne sommes plus complets dans la mort, parce que notre corps n’est plus, notre âme est préservée et toujours vivante pour faire cette expérience éprouvante de la purification. C’est une bonne nouvelle pour nous car c’est la garantie de la réalisation de la promesse de la béatitude en Dieu. Et donc, c’est bien pour soi que d’être au purgatoire. Ainsi le déclare la première lecture : « Après de faibles peines, de grands bienfaits les attendent, car Dieu les a mis à l’épreuve et trouvés dignes de lui. » (Sg 3, 5) Nous sommes des êtres dotés d’une dignité personnelle si grande que Dieu nous laisse nous préparer, comme la fiancée pour son époux, afin de bien le rencontrer dans la plénitude de sa gloire. Mais cette persistance de l’âme personnelle après la mort, que la tradition appelle « l’immortalité de l’âme » n’a de sens non pas comme une réalité en soi, mais en tant qu’elle est en relation avec Dieu. Et donc l’épreuve du purgatoire concerne justement et en profondeur notre relation à Dieu à au moins trois titres. Si notre âme ne meurt pas avec notre décès, c’est que c’est Dieu qui l’en empêche et la maintient dans l’existence. Sans ce geste divin, nous enseigne le pape Benoît XVI, notre âme ne persisterait pas. Ici, relation à soi et relation à Dieu sont intimement liées. Mais quelle est l’épreuve du purgatoire : c’est une épreuve de purification par le feu de l’Amour de Dieu qui nous lave des toutes les conséquences de nos péchés. Ici aussi Benoît XVI enseigne que ce feu d’amour, c’est le Chris lui-même qui nous purifie ! Ainsi donc le purgatoire n’est pas le lieu de l’éloignement de Dieu mais le lieu d’une intime relation avec le Christ et il s’agit de se laisser travailler par son Amour brûlant pour en être purifié, pour enfin troisièmement, entrer dans la gloire du Père et vivre pleinement la béatitude promise. Une relation à Dieu nous maintient, une relation à Dieu nous purifie, en vue d’une relation à Dieu pleine, entière, et surtout bienheureuse. Mais alors qu’en est-il de la relation à la création ? C’est justement là que le manque se fait sentir et que le côté déficient de cet état transitoire est le plus flagrant et je dirais même : voulu. La création, en particulier dans sa dimension matérielle est absente. Pourtant le psaume de ce jour le proclame : « Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. » (Ps 26,13) De même l’évangile de S. Jean énonce ainsi l’espérance de cette commémoration : « Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. » (Jn 6, 39) Cela signifie que ni la Toussaint, et encore moins le jour des morts ne sont l’accomplissement du projet divin. Comme je le disais la semaine dernière, il s’agit vraiment de nous orienter vers la le Jour de la Venue du Christ dans la gloire, la Parousie qui verra la résurrection de la chair et le renouvellement de la création ancienne en une création nouvelle. Dans cette création, toutes les créatures seront récapitulées et réconciliées dans le Christ Roi de l’univers et dans laquelle Dieu sera tout en toutes choses. La crise écologique actuelle nous parle de cet état d’inachèvement de la création, et surtout de la négligence de notre relation à la création. Le jour des morts en est un symbole liturgique très fort.

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