Chronique d’écologie intégrale – 02 Janvier 2025 – Mémoire obligatoire de S. Basile de Césarée, évêque et docteur de l’Eglise

Chronique d’écologie intégrale – 02 Janvier 2025 – Mémoire obligatoire de S. Basile de Césarée, évêque et docteur de l’Eglise

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Chronique d’écologie intégrale du 02 Janvier 2025, Mémoire obligatoire de S. Basile de Césarée, évêque et docteur de l’Eglise

S. Basile de Césarée est fêté le 2 janvier en compagnie de son collègue et ami S. Grégoire de Nazianze (329-390). Je préfère, faire une chronique distincte pour chacun de ces auteurs qui ont tant à nous apprendre aujourd’hui pour l’édification de l’écologie intégrale. S. Basile est né en Cappadoce vers 330. Il est indéniablement d’une famille chrétienne. Son grand-Père est mort martyr ; sa grand-mère est S. Macrine l’Ancienne ; son père est S. Basile l’Ancien ; sa mère est S. Eumélie, sa sœur est sainte Macrine la jeune, ses frères sont S. Pierre de Sébaste et S. Grégoire de Nysse, eux-mêmes évêques. Sacré palmarès familial, et héritage à porter ! On connaît sa vie grâce aux centaines de lettres qu’il a écrites. Il reçoit le baptême à vingt-six ans. Avec S. Grégoire, ils étudièrent leurs lettres à Athènes pour devenir rhéteurs, puis menèrent une vie monastique en Cappadoce près de Néo-Césarée. S. Basile donna deux règles aux moines d’Orient. Son approche de la vie monastique trancha avec l’austère monachisme égyptien en visant plutôt une forme d’équilibre humain au moyen d’un ascétisme moins prononcé, dans des communautés de taille restreinte. Ses recommandations servirent plus tard à l’œuvre de S. Benoît. Il devient évêque de sa ville, Césarée en 370 après en avoir été l’auxiliaire dès 362. Il travaille à défendre l’autonomie de l’Eglise face au pouvoir politique. Théologien reconnu au point d’être proclamé docteur de l’Eglise, il fut l’ardent défenseur de la divinité du Saint Esprit et son œuvre exerça une influence décisive sur l’aboutissement du concile de Constantinople en 381. Sa théologie trinitaire se déploie notamment dans le Traité contre Eunome, Eunome étant le principal hérésiarque arien de l’époque niant la divinité de l’Esprit, et le Traité sur le S. Esprit. Soucieux des plus pauvres, S. Basile fit construire un hôpital dans sa ville, la « basialiade ». On sait que S. Basile est mort le premier janvier 379 et que S. Grégoire de Nazianze prononça son éloge. Avec ce grand père de l’Eglise nous avons ainsi une œuvre unifiée autour de la théologie de la vie monastique et de la pratique de la charité, une forme de christianisme intégral riche de différentes dimensions complémentaires. S. Basile a également contribué à enrichir ce que le Pape François appelle la Bonne Nouvelle de la création, notamment par l’écriture de nombreuses homélies sur les six jours de la création. Le projet de S. Basile est d’abord de distinguer la doctrine de la création chrétienne de celles des païens en particulier ceux quo sont influencés par Démocrite : « L’origine du ciel et de la terre ne doit pas être présentée comme la rencontre spontanée des éléments, ainsi que certains se le sont imaginé : elle a sa cause en Dieu. » Nous l’avons vu avec S. Grégoire de Nazianze, l’usage du bestiaire en théologie dans la reprise de la méthode proposée au livre de Job, a pour but de montrer en quoi les créatures reflètent quelque chose de leur Créateur. Pour S. Basile le Grand, je cite, « le monde est l’école ou s’instruisent les âmes raisonnables, le lieu qui s’offre à son esprit pour le guider, par les objets visibles, jusqu’à la contemplation des invisibles[1]. » Pour nous aujourd’hui, cette fonction accomplie par les créatures est le l’important signal de leur valeur propre et intrinsèque aux yeux de Dieu. Mais chez S. Basile les créatures remplissent une fonction encore plus spécifique, au nom de Dieu pour les hommes. Dans la grande tradition antique, tant aristotélicienne que stoïcienne et que l’on retrouve jusque dans la Bible, les créatures jouent un rôle important pour la conduite de la vie morale des humains. Ainsi parle-t-il du chien, je cite : « n’ayant pas la raison en partage, il a pourtant un sens qui lui tient lieu de raison[2] » et lui permet de réaliser des prouesses stratégiques en termes de chasse. Cette façon de considérer l’intelligence animale se retrouvera par la suite à la modernité chez les défenseurs des animaux que furent Montaigne et surtout, un certain Jean de la Fontaine qui tire nombre de moralités des astuces développées par le monde animal. Et justement tout l’enjeu du message de Basile est là : les créatures existent non pas pour l’utilité matérielle de l’homme, quoiqu’il puisse s’en servir pour satisfaire les besoins de son existence. Je cite Antonin Fronteau sur ce sujet : « Tout existe pour la contemplation de la création d’une part, pour nous corriger d’autre part, surtout du point de vue moral, afin de vivre plus correctement, selon la parole de Dieu[3]. » C’est le sens de trois des homélies sur la création de S. Basile. On peut trouver ici ce qui anticipe et annonce le principe et fondement des exercices de S. Ignace de Loyola 1200 ans en avance : « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé[4]. » La finalité des créatures ici mise en lumière, est de permettre l’union entre l’homme et son Dieu. Nous avons donc un anthropocentrisme, non pas utilitariste, mais spirituel. En termes d’écologie intégrale, cela devrait donc tout changer dans notre rapport aux créatures.

[1] . Basile de Césarée, Homélies sur l’Hexaemeron, Stanislas Giet (éd.), Paris, Cerf, 1950, SC 26, I, 6, p. 111.
[2] . Ibid., IX, 4, p. 499-501.
[3] . Antonin Fronteau, Une conception chrétienne de l’environnement. L’intérêt pour la création dans les œuvres de Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze, Mémoire de Master : Histoire, Civilisation, Patrimoine, Parcours Pratique de la recherche historique, Sous la direction de Philippe Blaudeau, Faculté des lettres, manges et sciences humaines, Université d’Angers, 2023, p. 141. https://dune.univ-angers.fr/fichiers/18003455/2023HMHCP16879/fichier/16879F.pdf (consulté le 29/12/2024).
[4] . S. Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, 23.

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