Chronique d’écologie intégrale – 18 Mars 2025 – Mémoire facultative de S. Cyrille de Jérusalem évêque et docteur de l’Eglise

Chronique d’écologie intégrale – 18 Mars 2025 – Mémoire facultative de S. Cyrille de Jérusalem évêque et docteur de l’Eglise

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Chronique d’écologie intégrale du mardi 18 Mars 2025, Mémoire facultative de S. Cyrille de Jérusalem évêque et docteur de l’Eglise

Le 18 mars, l’Eglise fête la mémoire de S. Cyrille de Jérusalem qui en fut l’évêque entre 348 et 387, date de sa mort. Il semble être né à Jérusalem même vers 315. Être évêque de ce diocèse, au ive siècle ça devait être quelque chose, suite à l’édit de Milan qui autorisa le culte chrétien dans l’empire romain et le relèvement de Jérusalem par l’empereur Constantin en 326. Ce fut une période faste de constructions de nombreuses basiliques sur les lieux saints, avec des processions multiples et force pèlerinages. Mais ce n’était pas une sinécure non plus, car à cause des controverses avec les ariens et les difficultés à mettre en œuvre la réception du concile de Nicée, il fut exilé pas moins de trois fois, et la troisième, ce fut pour une période de onze années. Il dut en effet s’opposer à son archevêque métropolitain de Césarée qui supportait l’hérésie arienne. Il participa au concile de Constantinople en 381, il est donc le contemporain des pères cappadociens que furent S. Basile le Grand, S. Grégoire de Nysse et S. Grégoire de Nazianze. Proclamé saint dès sa mort par les églises d’Orient, son culte fut étendu à l’ensemble de la catholicité par le pape Léon XIII en 1882 et proclamé docteur de l’Eglise dans la foulée. On lui attribue en effet vingt-quatre catéchèses baptismales qui furent prononcées dans la basilique du S. Sépulcre, dont les cinq dernières qualifiées de catéchèses mystagogiques. Une catéchèse mystagogique est littéralement un enseignement qui conduit au mystère. C’est une forme de catéchèse inaugurée pendant l’antiquité chrétienne qui part du principe qu’il faut d’abord vivre les différents rites et les sacrements et ensuite recevoir un enseignement qui explique ce qui a été vécu. Ces cinq catéchèses étaient donc dispensées après la réception du baptême, de l’eucharistie et de la confirmation. L’œuvre théologique de S. Cyrille en ce qui concerne la défense de la foi porte essentiellement sur la question trinitaire. Au cœur des débats très complexes, opposant divers partis théologiques, il s’est fait le défenseur de la divinité de l’Esprit Saint au concile de Constantinople et cela occupe une grande partie de son effort de pensée. Contre les ariens, voici ce qu’il écrit dans sa douzième catéchèse au sujet de la connaissance de Dieu dans la Révélation : « Il y a beaucoup de problèmes dans les saintes Ecritures : ce qui est écrit nous dépasse ; qu’allons-nous nous mêler de ce qui n’est pas écrit ? Il nous suffit de savoir que Dieu a engendré un seul Fils Unique[1]. » Mais force est de constater également que ses catéchèses incluent le thème de la création, en particulier celui du salut de la création dans la dimension cosmique de la foi chrétienne. Dans sa quinzième catéchèse, voici qu’il réfléchit sur la question de la mort personnelle qui ne peut se comprendre qu’en relation avec la mort du cosmos. Que peut vouloir dire que le cosmos va mourir ? Il enseigne, je cite :« pour que cette admirable demeure ne reste pas remplie d’injustice, ce monde passera et il en sera inauguré un plus beau. Ne nous chagrinons pas comme si nous étions seuls à devoir mourir : les astres aussi mourront. » Les éléments de la création doivent mourir parce qu’ils sont marqués par le péché et l’injustice, de la même manière que la personne meurt comme une conséquence du péché dont il faut être lavé. Seulement dans le cas de la création, on ne peut pas dire qu’elle pèche, elle est marquée par le péché de l’homme, ce qui indique une sacrée solidarité des créatures par rapport à l’être humain. Mais S. Cyrille continue son parallèle un peu plus loin, je cite : « Mais de même que cette parole de l’Ecriture : « Voyez comme le juste a péri sans que nul ne le prenne à cœur » (Is 57,1) affirme la destruction d’un homme bien que l’on attende sa résurrection, de même aussi nous attendons, pour ainsi dire, une résurrection des cieux[2]. » S. Cyrille nous invite à penser que de même que la mort n’est pas le dernier mot de l’aventure humaine, de même la mort de la création n’est pas le point final du projet créateur ! Si les cieux ressuscitent, cela veut dire qu’il y a un projet d’éternité qui est offert à la création dans son entier, une destination eschatologique des créatures, de tous les êtres : ceux du ciel et ceux de la terre, pour reprendre l’expression de S. Paul dans ses épîtres. Cette espérance en la résurrection de la création que S. Cyrille nous invite à faire nôtre, a un sens important pour notre éthique d’aujourd’hui, en termes d’écologie intégrale. Si aux yeux de Dieu les créatures non-humaines ont une importance telle qu’elles sont appelées à ressusciter à nos côtés, cela veut dire qu’elles sont éminemment respectables, en leur valeurs propre et intrinsèque. Cela devrait donc convertir nos modes de vie afin de nous sortir de l’emprise de l’esprit de consommation qui réduit les créatures à des objets simplement utiles et jetables. Non, le salut de Dieu est un projet de recyclage cosmique de la création ancienne en une nouvelle création.

[1] . Cyrille de Jérusalem, Catéchèses baptismales et mystagogiques, XII, trad. J. Bouvet, dans Saint Cyrille de Jérusalem, p. 217.
[2] . Cyrille de Jérusalem, Catéchèses baptismales et mystagogiques, XV, 3 Ed. Mignes, « Les Pères dans la foi », 1993, p. 235.

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