Fabien Revol raconte… une trajectoire empreinte du mystère du Vivant et de son Créateur : des études de biologie à l’enseignement de l’éco-théologie
L’enseignement de l’éthique et de la morale de l’Eglise catholique prenait-il en compte les problématiques écologiques ? Tel fut le questionnement qui me mit en route en 2002 alors que j’achevais un cycle d’étude de biologie par une maîtrise de biologie des populations et des écosystèmes à Lyon. C’est par les sciences du vivant que je suis donc arrivé à l’engagement écologique. Depuis tout petit, mes parents m’ont appris à me laisser émerveiller et questionner par les singularités souvent discrètes du vivant. Comme j’ai grandi à la ferme, entouré de champs dans la campagne drômoise, je reconnais que le contexte était plutôt propice.
De même, l’expérience du scoutisme m’a appris que l’on pouvait bien vivre avec peu en acceptant les contraintes d’une nature maîtresse de vie. Cela m’a prédisposé à découvrir et à adhérer aux principes de la sobriété et de la décroissance avec comme idéal la vie au camp. Mais quand il m’a fallu répondre à la question posée en incipit de ce témoignage, je fus vite déçu par ce que je rencontrais à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon (UCLy). J’étais séminariste à cette époque et l’évêque de Valence, Mgr Lagleize, nouvellement arrivé dans le diocèse m’avait convoqué pour me demander de préparer un projet d’études théologiques en prenant comme objet de spécialisation… l’écologie. Ce qui était également mon souhait. C’est ainsi que je partis à l’Université de Toronto en 2004 pendant une année universitaire pour être initié à l’écothéologie dans le cadre de la préparation à la licence canonique en théologie, sous l’angle de la théologie de la création et non pas sous l’angle de la doctrine sociale de l’Eglise.
En 2006, j’entame alors un doctorat en théologie sur le thème de la création continuée car j’ai été marqué par la lecture de l’article de Lynn White Jr (1967) expliquant le rôle des images et représentations de la nature dans le discours religieux pour façonner des comportements et éthiques à finalité écologiques. Je voulais donner une interprétation chrétienne au rôle des relations écologiques dans la création, sous l’angle de l’évolution du vivant. En 2009, toujours à l’appel de l’évêque de Valence, et à celui des moniales dominicaines de Taulignan, nous lançons l’aventure de l’association Oeko-logia, groupe de réflexion de chrétiens soucieux d’articuler leur foi avec leur expérience de l’écologie. En 2009, toujours, je rencontre Jean Bastaire à Grenoble et une grande amitié spirituelle naît entre nous qui nous sommes retrouvés sur l’intuition de petits frères et petites sœurs de la création. En 2010, je suis intégré à l’UCLy en CDI, comme maître-assistant au Centre Interdisciplinaire d’Ethique. La même année, mon projet de thèse se transforme en un doctorat conjoint en théologie et en philosophie, et je soutiens mon travail à Paris en 2013. En 2012, avec Thierry Magnin et Bertrand Souchard, nous créons la chaire science et religion qui me permet d’approfondir le trépied science philosophie et théologie avec comme objet les sciences de l’écologie. En janvier 2015, avec le soutien de la Fondation saint Irénée du diocèse de Lyon, je lance l’aventure de la Chaire Jean Bastaire pour l’étude de l’écologie intégrale par laquelle j’ai pu organiser deux colloques scientifiques, plusieurs journées d’étude, des cours et publié un certain nombre de livres et d’articles dédiés à l’écologie intégrale et l’encyclique Laudato si’.
Cette aventure s’est transformée en 2023, avec la clôture de la chaire à l’UCLy et l’ouverture du Centre Hélène et Jean Bastaire, à l’appel des petits frères et petites sœurs de la création, à Berganty dans le Lot où je travaille actuellement. C’est un centre dédié à l’étude de l’écologie intégrale avec des activités de formation, d’animation spirituelle de recherche et bientôt d’accueil social (Centre Hélène et Jean Bastaire). Je travaille désormais l’écologie intégrale à plein temps, entouré de mon épouse Marie et de ma fille Elisabeth qui est née il y a quelques mois.
Fabien Revol
« Lettre Maison commune novembre 2024 »
Aïe ! Nous n’avons pas retrouvé votre formulaire.