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La fête du jour – Dimanche 24 Août 2025, Fête de Saint Barthélémy, apôtre
Le 24 août l’Eglise fête S. Barthélémy qui est un des douze apôtres. On l’identifie à Nathanaël que S. Philippe amena auprès de Jésus et contrairement à Philippe, il refusa dans un premier temps de se laisser entraîner. C’est en tout cas ce personnage que l’évangile du jour mentionne. Il fait partie du groupe des tous premiers disciples. On ne sait rien de son activité apostolique après la Pentecôte. Mais, d’après les évangiles apocryphes, il est réputé avoir eu mission en Asie Mineure, en Arménie, en Perse, en Mésopotamie, en Inde orientale aussi. Il serait mort martyr écorché vif, c’est pourquoi il est le saint patron des bouchers, des tanneurs et des relieurs. Jésus lui dévoile qu’il connaît les secrets de son cœur et le qualifie ainsi, je cite : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. » La rectitude de S. Barthélemy-Nathanaël peut nous inspirer à cesser de ruser avec la création. « Ruse » en grec se dit « mékanè » qui a donné le mot « mécanique ». Une des causes de la crise écologique est d’avoir réduit la nature à une machine à la fonction purement instrumentale. Or tel n’est pas le sens de la révélation à son sujet. Essayons de comprendre cela à la lumière de la vocation de l’apôtre telle qu’elle apparaît dans les textes de la messe du jour. Elle nous est donnée dans le psaume 144 (11-12) : annoncer le Royaume qui vient : « Ils diront la gloire de ton règne […]. Ils annonceront aux hommes […] la gloire et l’éclat de ton règne » Or le règne de Dieu se trouve accompli et réalisé dans la plénitude de la création nouvelle, ce qui est donc à annoncer aussi. La liturgie prend en effet comme première lecture de cette fête un extrait du Livre de l’Apocalypse (21) dans lequel il est question de la Jérusalem céleste qui préfigure la création nouvelle : « la Ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu ». Dans les églises elle est souvent représentée selon la description qu’en fait ce texte comme par exemple dans la basilique d’Ainay à Lyon : essentiellement la muraille, le mur d’enceinte. Le catholicisme du xixe siècle a réduit la foi à une question morale, celui des suites immédiates du concile de Vatican II à une question sociale. L’écologie intégrale du xxie siècle souhaite resituer ces aspects dans la dimension cosmique de la Révélation. C’est-à-dire selon l’idée que c’est toute la création qui se trouve impactée par la promesse de glorification de la création, autrement on ne comprendrait pas ce que pourrait signifier cette demande de Jésus d’aller annoncer la Bonne nouvelle à toute la création dans l’évangile selon S. Marc (16), ou encore le sens de la prédication aux oiseaux de S. François d’Assise. Si toutes les créatures ne sont pas concernées, cela n’a pas de sens. Pourtant c’est bien ce qui s’est passé historiquement, les chrétiens ont rusé avec la création en réduisant le message chrétien à une affaire purement humaine et littéralement hors-sol, sans prendre en compte le substrat de la création qui porte l’humain et sans lequel il ne pourrait exister. Dans le chapitre 21 du livre de l’Apocalypse, il est signifié que cette ville qui descend symbolise la terre nouvelle et les cieux nouveaux qui remplacent la terre ancienne et les cieux anciens. Il n’est pas anodin que la création nouvelle prennent la forme d’une ville. C’est un moyen très significatif de dire que la création glorifiée est celle qui a été transformée par la créature humaine ayant laissé la trace de sa domination. La ville a une place importante dans la pensée du pape François dans Laudato si’ (151). Elle est le lieu de la concentration de la population humaine et donc le lieu par excellence de l’exercice de la fraternité humaine, je le cite : « Il est important que les différentes parties d’une ville soient bien intégrées et que les habitants puissent avoir une vision d’ensemble, au lieu de s’enfermer dans un quartier en se privant de vivre la ville tout entière comme un espace vraiment partagé avec les autres. » Au sein de l’écologie intégrale, la spiritualité de l’urbanisme peut donc s’appuyer sur la promesse de la glorification de la création sous la forme d’une ville, qui montre que toute forme d’anthropisation de la création ne lui est pas d’emblée néfaste mais au contraire possiblement à intégrer dans la perspective eschatologique divine. Se rajoute à cela l’idée que les centres urbains sont à valoriser dans la perspective de la protection de la planète. A cause de la taille de la population humaine contemporaine, vouloir faire vivre tout le monde à la campagne serait une aberration écologique destructrice. Il est donc important de trouver les modalités d’une vie d’écologie intégrale essentiellement urbaine en ramenant la nature dans la ville par exemple, ainsi qu’une partie de la production agricole des aliments. Cela dit il ne faut pas se tromper car l’anthropisation qui irrigue la Jérusalem céleste, n’est pas celle de la technique car si on lit bien le texte, je cite : « La muraille de la ville reposait sur douze fondations portant les douze noms des douze Apôtres de l’Agneau » (Ap 21, 14) Le rôle de l’annonce de l’évangile à toute la création a donc un rôle des plus important car l’information créatrice de la parole de Dieu annoncée doit modeler et structurer la forme même de la création nouvelle. Cessons de réduire la création à une mécanique neutre et considérons là comme destinataire de la Parole de Dieu, parole qui lui donnera les fondations nécessaires à sa glorification.
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